Allumez les bougies

Qu’il gèle en enfer

 

Qu’il gèle en enfer !
Par Christine Pedotti Témoignage Chrétien du 8 décembre 2022
Alors que nous ne cessons de craindre le réchauffement climatique, voilà que la menace la plus immédiate prend la forme du froid et de la nuit. C’est ce que Vladimir Poutine tente d’imposer aux Ukrainiens : plonger le pays dans un noir glacial ; une version paradoxale de l’enfer, que nous imaginons plus volontiers de brûlure et de flamme. C’est aussi ce que le sinistre maître du Kremlin espère faire subir à l’Europe : une pénurie d’énergie telle qu’elle mettrait les économies à l’arrêt et nous plongerait dans l’obscurité. S’il prend le temps de regarder les journaux et télévisions françaises, il a toutes les raisons de se réjouir. La perspective d’une coupure de courant de deux heures y est décrite comme une catastrophe insurmontable et le signe indiscutable de la proche disparition de la civilisation.Soyons sérieux, étant sauves les urgences vitales, nul ne meurt de 120 minutes d’arrêt d’un réfrigérateur, du chauffage ou de l’Internet. D’ailleurs, tous les Français et Françaises qui vivent en dehors des grandes villes le savent bien. Il arrive que le réseau saute sous l’effet des intempéries : le gel, la neige, le vent qui abat un arbre… Et ils survivent ! Mais Poutine, livré à la noirceur de ses projets, a symboliquement raison : nous continuons à avoir peur du noir. Ce n’est pas un hasard si, dans La Guerre des étoiles, le méchant, Dark Vador, est un chevalier de la lumière, un Jedi, tombé du côté obscur de la Force. C’est ce même noir dans lequel la violence intégriste veut enfermer les femmes, sous les voiles, burqa et niqab.Ce combat de la lumière et des ténèbres parcourt notre imaginaire depuis « la nuit des temps » ou « le premier jour ». Nous en réitérons la puissance symbolique dans la célébration de Noël, dont la date, choisie au solstice d’hiver, recouvre l’antique fête du sol invictus, le « Soleil invaincu ». « Le peuple qui marchait dans les ténèbres a vu se lever une grande lumière […] » C’est par ces mots du prophète Isaïe que nous accueillerons la naissance de Jésus comme « lumière du monde ».Alors, certes, économisons l’énergie, mais ne maudissons pas à tort les lumières des fêtes, même si elles nous semblent très païennes et trop commerciales. Et si nous sommes contraints d’allumer quelques bougies en janvier, faisons-le avec une joie d’enfant.

Contact